Rachel, la femme qu'on voulait éliminer Rachel a toujours voulu vivre dans le sud. "Je ne comprenais pas pourquoi ma famille vivait en Alsace. Pour moi l'Alsace, le climat c'était un peu rude. J'ai toujours dit, quand je serai plus grande j'irai vivre dans le sud. Ca a été chose faite, je suis descendue au soleil. J'ai été assistante médicale à la médecine du travail et formatrice en secourisme."

En 2010, Rachel rencontre Fabrice Autrand sur un site de rencontre. "C'était très rapidement un vrai coup de foudre. C'était quelqu'un de bien sous tout rapport, l'homme idéal. Il était diplômé de l'école des Mines, sa famille était très bien, son papa était commissaire de police. Il était entouré d'amis qui étaient géniaux." Rachel et Fabrice s'installent ensemble. Ils voient souvent la mère de Fabrice. "Elle avait son mot à dire sur tout, la déco, les choix qu'on pouvait faire. Ca m'agaçait un peu, mais bon, je me suis dit, ça lui passera, elle verra que notre couple est solide et qu'elle va devoir commencer à s'effacer petit à petit." Seulement, la belle-mère de Rachel ne s'efface pas. "Elle avait une vue sur les comptes. Elle regardait régulièrement les dépenses qu'on pouvait faire, parce qu'on avait un compte joint. Elle se permettait de commenter les courses qu'on pouvait faire, je trouvais ça très envahissant."

A la naissance du fils de Fabrice et Rachel en 2012, les commentaires de la mère de Fabrice deviennent de réelles critiques envers Rachel. "Je faisais jamais rien de bien, j'étais nulle, heureusement qu'elle était là, enfin c'était compliqué. C'était vraiment compliqué." Fabrice n'essaie pas de régler la situation. "Il me disait 'tu comprends, elle a toujours été comme ça, puis là en vieillissant ça va pas mieux'. Elle m'en veut, je sais pas pourquoi, je suis peut-être pas la belle fille qu'elle aurait aimée. Je ne sais pas ce qu'elle peut me reprocher. Je ne suis pas parfaite certes, mais j'ai l'impression qu'elle ne m'aime pas." Cette période, de la grossesse puis de la naissance de leur fils, correspond aussi à un moment où la relation de Rachel et Fabrice se tend. "Il pouvait être assez violent, assez cassant dans ses mots, dans sa façon d'être. Il soufflait le chaud et le froid. Quand il allait trop loin, j'avais un bouquet de fleurs, il se montrait un peu plus attentif. Il y a eu ce basculement quand je suis tombée enceinte. Je me souviens d'une fois où on n'était pas d'accord sur quelque chose, c'était assez virulent et il a levé la main."

Si Rachel parvient à mettre fin immédiatement à cette violence physique de la part de Fabrice, il continue à exercer sur elle une violence psychologique. "Je voyais bien qu'il y avait un souci. Je pense que j'aurais dû partir, mais que quelque part, j'ai eu cette idée, idiote avec beaucoup de recul, de me dire que je voulais offrir à mon fils ce que je n'avais pas reçu, à savoir une famille. Je me suis dit 'il va changer'." Sauf que Fabrice ne change pas. Rachel doit maintenant composer avec sa violence, et les critiques de sa belle-mère. Jusqu'à cette nuit d'avril, où quelqu'un la réveille brusquement. "Je vois au pied du lit un homme en noir, une masse noire. Ce gars se précipite sur moi, disant 'bouge pas, bouge pas'. Je prends une première balle dans la poitrine, donc j'ai bien compris que si je ne bougeais pas, je mourrais." Le juge d'application de peines a motivé le relèvement partiel de la période de sûreté de l'ex mari de Rachel pour "des efforts sérieux de réinsertion et de réadaption sociale". Il a été reproché à la victime et son avocate leurs prises de paroles dans la presse, qualifiées de "démarches maladroites pour obtenir gain de cause". Rachel a lancé une pétition relayée par la Fédération nationale des victimes de féminicides et l'Union nationale des familles de féminicides. L'avocate de Fabrice Autrand n'a pas souhaité faire de commentaire. Fabrice Autrand devrait être fixé sur sa libération avant la fin de l'année. Le tireur a été condamné à 20 ans de prison, ramenés à 17 ans en appel.